Démarche Artistique

 

1) Mise au point

Si l’argentique apparait parfois comme une sorte de ‘mode‘ surfant souvent sur l’attrait du ‘vintage‘, c’est avant tout, pour moi, l’approche la plus concrète de la photographie en tant qu’Art à part entière.
Je ne reviendrais pas sur L’Éternel Débatargentique VS. numérique‘, je dirais simplement que j’y trouve des choses que je n’ai pas en travaillant en numérique, que ce soit au niveau de la pratique, des formats, ou des procédés utilisés.
 
Si on y regarde de près, au niveau de la technique et du savoir photographique brut concernant la prise de vue, il va de soit qu’un appareil photo reste un appareil photo.
Qu’il soit argentique ou numérique, les règles appliquées sont identiques.
Qu’on parle d’ouvertures, de distances focales, de vitesses ou de sensibilités, ce sont exactement les même bases.
La différence la plus fondamentale, c’est le photographe lui même, son approche, sa sensibilité, et dans mon processus créatif, j’ai tendance à penser en analogique.
Les idées qui me viennent impliquent généralement des manipulations concrètes et physiques, non pas des retouches numériques en post-traitement. Je ne doute pas qu’on puisse obtenir plus ou moins la même chose avec un ordinateur, mais dans mon cas, le simple fait d’y penser reviendrait à me forcer, et comme tout un chacun, je préfère que mes réflexions soient naturelles, fluides, libres, et sans contraintes.
 

2) Technique

Je travaille avec trois formats différents :
 
  • Le format classique, avec des pellicules 135 (appelées aussi 35mm ou 24×36)
  • Le moyen format, avec des pellicules 120, généralement en 6×6.
  • Le format instantané, majoritairement en intégral (films Polaroid Originals et Fujifilm Instax), mais aussi en Pack Films (appelés aussi Pack 100 ou Peel-Apart, comprenant les films Fujifilm FP100-C, Polaroid 669, etc), ce qui restera possible jusqu’à épuisement de mon stock personnel car ces films ne sont plus produits.
Pour chacun de ces formats, chaque appareil, chaque film et chaque objectif a ses propres caractéristiques, ses spécificités, son rendu particulier, et ses propres limites.
J’apprécie particulièrement cette étendue de possibilités et je choisi soigneusement quel appareil, film et objectif, je vais utiliser selon les photos que j’aimerais obtenir.
J’aime aussi procéder à diverses expérimentations, que ce soit au moment de la prise de vue, au développement, au tirage, ou même après. Il ne faut pas avoir peur d’oser, ni de faire preuve de créativité, ça réserve parfois de très bonnes surprises.
Travailler en argentique offre aussi une chose très importante pour moi : de vraies photos.
Attention, je ne parle là que du coté physique, d’avoir quelque chose de concret, de palpable, de matériel, et non simplement des données sur un disque dur, une carte mémoire ou un serveur à l’autre bout du monde.
Que ce soit un film développé, un tirage papier ou un instantané, je trouve ça plus chaleureux et plus concret qu’une simple image sur un écran ou qu’une impression laser qui aura perdu contraste et couleurs d’ici quelques années…
 

3) Approche Artistique

Si je ne me gêne pas pour prendre en photo tout ce qui me passe par la tête et pour expérimenter les choses parfois les plus farfelues, j’aime avant tout travailler le portrait (du plan général au très gros plan), surtout avec des mises en scènes originales. J’essaye le plus souvent d’obtenir des images qui racontent ou qui dégagent quelque chose.
J’aime créer des ambiances qui sortent de l’ordinaire tout en restant ancrées dans une certaine vision de la réalité. Les choses les plus simples arrivent à donner juste ce qu’il faut d’étrange ou d’extraordinaire si on sait les mettre en valeur.
Si ça ne me dérange pas d’improviser parfois, j’aime surtout ‘penser‘ mes clichés, pas nécessairement dans les moindres détails, mais j’aime bien savoir où je vais, avoir une idée de ce que je recherche, ce que je veux, et surtout ce que je ne veux pas.
Cela vient surement de mes passions et de ma formation, mais j’ai très souvent une approche cinématographique ou théâtrale de la mise en scène. Aussi bien au niveau du cadrage, de la gestion de la lumière (ou des éclairages artificiels), dans ma façon de diriger un modèle, d’envisager le décor, les costumes, les accessoires…
À ce titre, je ne travaille que très rarement au flash, préférant de loin utiliser la lumière naturelle ou des éclairages de lumière continue (box et spots).
Je ne cache pas non plus un certain attrait pour les éclairages presque psychédéliques (rouge, jaune, bleu, vert, violet, etc), les basses luminosités, les grandes ouvertes, les poses longues, les clair-obscurs, ou le low-key
 

4) Thèmes et Processus Créatif

Les thèmes que j’aime aborder avec mes photographies sont vastes et variés.
L’humain, la vie, la mort, la violence, la subversion, la transgression, les tabous, la sexualité, les différences, les déviances, la marginalité, l’anormalité, la normalité, les ‘monstres’, le mystique, l’étrange, la psyché, la culture pop, les arts, la société, les sentiments, etc…
En résumé, des thèmes relativement classiques et communs à bon nombre d’artistes mais, comme chacun d’eux, j’aimerais mettre en forme mes propres idées, mes propres créations, mon interprétation, ma vision… Du reste, même si j’ai des thèmes de prédilection, je sais rester ouvert à toute proposition, d’où qu’elle vienne.
J’aime aussi rendre des hommages ou m’inspirer directement d’artistes que j’admire, qu’ils soit réalisateurs, auteurs, peintres, photographes… Ça peut parfois aller très loin, comme ce fut le cas pour ma série « Le Tre Madri« . J’aime aussi mélanger les arts, utiliser des techniques propres à l’un pour créer de nouvelles choses, s’inspirer de méthodes particulières qui tiennent plus des arts plastiques ou du cinéma que de la photographie, transcender les supports, expérimenter des savoir-faire devenus obsolètes pour retrouver le rendu ou le charme d’une autre époque, tester des choses par curiosité et par plaisir.
Je prends également beaucoup de notes et je fais pas mal de croquis (j’ai souvent un carnet et un stylo à portée de main). Dès qu’une façon originale d’explorer un thème, une idée de mise en scène, ou un projet de série à faire, me traverse l’esprit, je le note ; et je pense sincèrement qu’il y a là dedans de bonnes idées à exploiter.
Maintenant, comme je suis toujours en recherche et en constante évolution, je n’ai pas la prétention de croire que j’ai déjà un style qui me soit véritablement propre. L’important pour moi est avant tout d’explorer mes propres envies, de réaliser les œuvres et les projets qui me tiennent vraiment à cœur, d’essayer de rester ‘original‘ et de ne ressembler à aucun autre artiste, même si il parait évident qu’on peut retrouver dans mes travaux les influences d’artistes qui m’ont marqués, inspirés ou à qui j’ai voulu rendre hommage, et ça je ne m’en cacherais jamais.