Encore une fois face à toi.
Encore une nuit comme tant d’autres, une nuit où je pense à toi. Comme ça. Pour rien. Pour toi.
Je pense à tes sourires, je pense à mes angoisses. Ensemble pour ce court moment dans ma tête. Mon souvenir de toi. Ton regard. Ton odeur.
Je me surprend parfois à attendre des tes nouvelles. Toi qui n’es pas là. Toi, sûrement mieux ailleurs.
Devant un vieil album photo, je tourne les pages, presque par hasard, sans vraiment regarder.
Je n’ai pas besoin regarder, mes mains connaissent le chemin, comme elles te connaissaient si bien. Chacun de tes traits, chacune de tes courbes.
Ouvrir les yeux. Et tout me ramène a toi.
D’un simple regard, je peux entendre ta voix. Revivre des morceaux de nos vies. Imaginer ce dernier moment que je n’ai jamais eu.
Je revois ces instants volés, où tu n’étais qu’à moi, et que j’ai l’impression d’avoir rêvé.
Simplement écouter ton regard.
Tes yeux ne savent pas me mentir. Alors prendre un instant, et écrire une histoire avec ces mots là. Peut être notre histoire. Une histoire d’amour que je n’ai jamais eue, que dans mes souvenirs imaginaires.
Des souvenirs de toi où je n’étais pas là. Des souvenirs d’un nous qui ne vivra jamais. Avec ou sans toi.
Se dire que l’on est mort et s’inventer une vie nouvelle, une vie de contes de fées, une vie à deux, où en fait je ne suis pas.
De ces vies irréelles qui peuvent nous arriver. Et de la musique. Parce qu’ici nos vies avancent en musique. Comme un vieux juke-box, réinventer ces phrases qui nous ont bercées.
Des chansons tristes qui nous font sourire, les larmes aux yeux. Des mélodies où se mêlent nos souvenirs, et en composent la chanson. Qui vivent dans le présent et rythment notre avenir.
Des partitions. Des paroles. De ces mots qui ne laissent pas de cicatrices, seulement de la douleur. Ou peut être du bonheur. Ton regard est parfois bien plus puissant que des mots.
Mais la musique a changé. Et je me demande…
Encore une fois, je respire ton parfum dans le vent, dans les fleurs.
Ces fragrances de musc enflammé qui m’enivrent et me brouillent les sens. Ces notes ambrées tourbillonnantes qui m’entraînent dans un sombre ballet où ma raison se perd à chaque déboulé. Et ces vapeurs nocturnes de jasmin, portées par des touches de vanille qui finiront par me perdre, comme je t’ai perdue.
Encore une fois, comme une charge démoniaque, j’entends tes mots qui reviennent au galop. La cavalcade, rythmée par le vacarme cinglant de leurs sabots, bourdonne dans ma tête, prête à exploser.
J’entends ta voix qui résonne, pareille à mille cloches sonnant le glas de nos amours. Et ça ne s’arrête pas.
Tous les reproches, les non-dits. Tout ce qui fut passé sous silence pour ne pas avoir l’affronter en face. Engloutis par un tsunami d’actes manqués. Consumés par la lave d’une passion trop ardente pour être maîtrisée. Ensevelis sous les décombres d’une relation dévastée par cette déflagration.
Prendre conscience un jour que tout était peut être faux. Une brochure sur papier glacé, conservée intacte depuis des années. Une revue dont on ne regardait que les images sans jamais oser la lire. Être trahi par soi-même, et ne pas savoir pardonner. Mais si c’était vrai ?
Griffonner quelques mots que je ne dirais jamais. Comme un besoin de dire à l’autre qu’on ne veut pas exister sans lui. Sans jamais le lui dire. Sans jamais trop y croire. Se forcer à ne plus le vouloir. Faire semblant d’oublier et se réveiller un jour.
Continuer à se chercher. Se chercher soi-même et se chercher des excuses. Se chercher d’autres raisons de vivre, d’autres personnes. Rester fonctionnel.
Mais tout est vain, rien n’a de sens, tout n’est que vacuité. Alors chercher à n’être personne. Oublier de vivre sa vie. Oublier d’exister.
Je pleure. J’ai mal. Je ne contrôle plus rien. Et je me relève encore pour retomber aussi sûrement.
C’est drôle de constater que la nature nous aide plus facilement à tomber qu’à nous relever. Mais je me relève.
Encore une fois écrire. Sans but précis, juste pour exister. Hurler en silence que je pense encore a toi.
Pour faire semblant de croire que tu es comme moi. Croire que peut être je te manque, au moins un peu.
Pour se résigner, savoir que tu vas sûrement mieux sans moi. Essayer d’évacuer ce vide qui ne fait que grandir, et que peut être rien ne comblera.
Comme une lettre qui n’attend pas de réponse et que je n’ai pas écrite.
Passent les jours, passe ma vie. Autant de temps comme autant d’ennui. Penser au jour où je te reverrai.
C’est écrit quelque part, comme une fatalité. Comme gravé dans la chair, comme un instinct qui te pousse toujours vers l’autre quand tu t’y attends le moins. Dans ce chaos populaire qu’on appelle la vie, les chemins se croisent et se poursuivent. Peut être qu’un jour je recroiserais le tien.
On dit que les histoires d’amour finissent toujours mal, sinon elles ne finiraient pas. On ne dit pas combien la douleur est intense, comment elle irradie, ni que pour la personne qui part, souvent, ça ne va pas si mal que ça.
Arriver parfois à t’oublier, mais sans savoir pourquoi, te retrouver toujours, un peu.
Passer le temps à attendre de passer mon chemin.
L’autre jour je regardais la mer, avec le vent chaud, le son des vagues, les nuages noirs qui grondaient au loin, et je me suis dit que tu aimerais ça.
C’est comme un grand silence intérieur qui me parle de toi. Ces longs moments de calme avant la tempête. Ces instants fugaces où je t’aime encore, à ma façon.
Les vagues résonnent dans ma tête et m’éloignent de tes images. Comme ces vieux airs qu’on entend sans écouter, qu’on connaît presque par cœur, et qui nous emmènent ailleurs sans qu’on sache vraiment pourquoi.
Encore une fois s’évader.
Encore une fois, ne plus penser à toi.
M.