Pour voir dans tes yeux le vertige, la soif de danger, l’envie de courir le risque, le pouvoir de tout changer.
Pour sentir du bout de tes caresses ce petit moment de délice, que l’on touche des doigts, et te sentir à moi pour toujours.
À t’entendre gémir au son de ma voix, et pour ainsi dire qu’on existe pour ça, le plaisir d’offrir, la tentation de subir, le moindre de tes caprices.
Et chaque jour le temps passe et s’enfuit plus loin encore, pour nous traquer, nous piéger au cœur de ces images figées, ces instants de bonheur qu’on se lance et que l’on dessine.
Aux courbes sauvages des photos de nos vies, en couleur pour la magie, en noir et blanc pour le mythe, et en rouge pour le sang qu’on versait toi et moi.
Main dans la main, l’un contre l’autre, pour un morceau de plaisir, une chance de se trouver là, avoir sa place au creux de tes bras, et se voir sourire à l’avenir, juste pour un paquet de misère qui nous aurait planté là.
Ça n’a pas changé tu vois, toujours les mêmes rêves égarés qu’on murmure du bout des lèvres et qui germent en images floues au fond de nos yeux désenchantés, éclatés par l’excès de toxine, qui nous poussent à agir, et nos corps qui se cambrent au moindre sursaut de vie, quand on se sent exister bien qu’on ne soit définitivement pas du même monde.
On s’en fout, pourvu que ça dure, que ça transpire, des sueurs du désir et des étreintes de nos âmes, juste pour le frisson, juste pour la passion, au bord des ravins, au milieu des fous qui se jettent à corps perdu dans les abîmes de larmes, ensanglantés.
Et nos chairs qui se cognent à s’allier contre toute volonté, quand tout est beau, quand tout est trop.
Du premier au dernier wagon, les lumières sont éteintes, il fait chaud, tout est sale et bruyant, et on se sauve, et on aime ça, tant et tant qu’on le refait et qu’on le refera, aussi longtemps qu’on le pourra.
Oui c’est ça, le monde et ses travers, la vie et ses mystères.
Quand rien d’autre ne compte, que de sentir ton regard me dire que tu m’aimes, même si tout cela n’a pas de sens, même si tout cela n’est rien.
Et pour nous comme pour eux, c’est une chance à saisir. Pour accepter de vivre, et mourir, pour aucune raison
M.